La perception collective du « capitalisme financier » est en général péjorative. En réalité, une certaine confusion règne entre le capitalisme pas financier et celui qui est donc financier. Alors que le capitalisme pourrait se résumer à l’appropriation de l’appareil productif, le capitalisme financier a une autre définition qu’il serait judicieux de comprendre.
Qu’est-ce que le capitalisme ?
Avant de comprendre le capitalisme financier, il convient de faire un petit rappel de ce qu’est le capitalisme. La propriété du capital est le pilier du capitalisme. Le capital en question est indispensable au financement de l’équipement productif par l’État, par des personnes ou par toute autre entité détenant la puissance économique. Dans ce processus, l’équipement productif nécessite obligatoirement une main d’œuvre et celle-ci est constituée soit du capital soit du travail.
L’entreprise crée alors une valeur qui se partage entre le travail et le capital. Cependant, une confrontation entre ces deux notions est inévitable parce qu’en règle générale, ce qui convient au capital ne convient pas forcément au travail.
Il faut rappeler que le capitalisme s’est mis en place durant la révolution industrielle qui a été marquée notamment par l’individualisme et la recherche du profit. Et la première partie de cette révolution industrielle était marquée par un travail abondant et peu qualifié et une pénurie de capital. Le capital remporte alors naturellement cette relation de conflit.
Et le capitalisme financier ?
Le capitalisme financier quant à lui est né quand le capital est devenu plus abondant. Avec cette abondance, la gestion en est désormais assurée par des institutions spécialisées qui ne s’intéressent plus à l’identité des entreprises, mais uniquement au volet financier. Les compagnies d’assurance se développent alors au même titre que les holdings, les fonds d’investissement, etc. En résumé, le capitalisme financier dissocie la détention du capital et le pouvoir du capital.
Par ailleurs, le capitalisme financier assure aux gestionnaires des revenus croissants dont l’augmentation va de pair avec les profits sans pour autant baisser en cas de pertes. Ainsi, le sort des financiers ne dépend pas spécialement de celui de l’entreprise. De ce fait, pour atteindre leurs objectifs, ils comptent plutôt sur le pouvoir des actionnaires dans le choix des dirigeants de l’entreprise. Ces derniers sont sélectionnés en fonction de leur philosophie qui doit être en accord avec celle des financiers.
Et ces responsables d’entreprises sont rémunérés en fonction des résultats obtenus à cour-terme. Ils bénéficient du processus de stock-options qui est un système de rémunération variable attribuée aux actionnaires, aux dirigeants ou aux salariés d’une entreprise.
Est-ce que le capitalisme financier est profitable pour l’entreprise ?
Le capitalisme financier ne nuit pas forcément au développement de l’entreprise parce que cette organisation améliore la gestion en comparaison au système traditionnel. Cependant, des moyens spécifiques sont mis en place pour atteindre les résultats à court terme et ces moyens sont en règle générale opposés à ceux qui fonctionnent pour des résultats à long terme.
Par ailleurs, les caractéristiques des marchés actuels renforcent la place déjà acquise par le capitalisme financier. En effet, il suffit de réduire les dépenses pour augmenter le profit de manière instantanée même si une telle solution n’est pas envisageable de manière répétée et sur le long terme. Et alors que l’actionnaire individuel perd dans l’effort de conserver son capital, il est quand même considéré de manière péjorative étant un capitaliste.
En tout cas, ce genre d’organisation sociale évoluant jour après jour, suivre les actus du capitalisme financier peut être particulièrement instructif.